segunda-feira, julho 11, 2005 |
Já nas bancas |
« Même les paranoïaques ont des ennemis », aurait répondu Golda Meir à Henry Kissinger en 1973. Le secrétaire d’État américain avait accusé l’excès de prudence dont faisait preuve le chef du gouvernement israélien lors des négociations territoriales avec l’Égypte. L’histoire nous rappelle ainsi que la paranoïa est, aussi, un problème de frontières : où s’arrête le sain discernement des dangers qui nous menacent et où commence le délire ? Quand le gentil parano devient-il un dangereux paranoïaque ? La paranoïa est-elle une activité délirante ou plutôt une « activité désirante », propre à inspirer les plus grands – Rousseau, Strindberg, Céline ou encore Artaud ? La difficulté se corse encore lorsque, de l’individu, on s’intéresse à la société. Big Brother est-il un fantasme de parano, ou la forme prise par un pouvoir d’essence paranoïaque ? La multiplication des procès en harcèlement (sexuel, moral…) reflète-t-elle une attention plus grande portée aux victimes ou résulte-t-elle de rapports humains toujours plus paranoïaques ? En compagnie de grandes figures littéraires, nous avons voulu éclairer quelques aspects de notre « société parano ».
Extrait du dossier :
Qu’est-ce qui distingue le gentil « parano » du redoutable « paranoïaque » ? Quand franchit-on la frontière du « sentiment » (de persécution, de jalousie, de grandeur) au « délire » ? Malgré les efforts des experts pour nous convaincre du contraire, il semble que la distinction ne soit pas toujours si facile à établir. Déjà, l’aliéniste Philippe Pinel se rendait bien compte que certains de ses « maniaques » se distinguaient par la cohérence de leur jugement et le caractère partiel de leur délire – à quoi était alors donné le beau nom de « folie raisonnante ». Son disciple Jean-Étienne Dominique Esquirol ajouta à ce premier trait un autre non moins intrigant : contrairement à leurs collègues « mélancoliques », au délire triste ou « lypémanie », les « monomaniaques » pouvaient être parfaitement heureux. « M. De R. », par exemple, « entend des voix qui rendent justice à sa conduite et qui condamnent ceux qui l’ont contrarié… se croit en communication avec Dieu et avec les anges ». Pauvre homme, dira-t-on. Pourtant, « ce malade inoffensif va et vient dans la maison, réitère ses demandes, ses plaintes, ses menaces, ses anathèmes, mais il n’est point triste habituellement » (Des maladies mentales, 1838). Avant même que W. Griesinger n’utilise le terme de paranoïa (qui signifiait jusque-là simplement folie) pour désigner tous les « délires » conduisant à la démence et bien avant qu’Émile Kraepelin n’y fasse converger en 1896 l’ensemble plus restreint des « folies raisonnantes », on avait donc déjà à disposition ce qui fait du paranoïaque un fou à part : son délire n’est que partiel (sentiment de persécution, jalousie excessive, délire des grandeurs, délire procédurier dit « quérulence », etc.) et n’empêche nullement l’intégrité de son jugement ; pis encore, il peut très bien construire autour de sa manie une existence heureuse et d’allure normale, bref prendre un visage très semblable à celui des gentils « paranos » qui nous entourent et que nous sommes parfois. Extrait de « Les frontières d’une folie », par David Rabouin.Le Magazine littéraire n°444, Juillet-Août 2005 |
posted by George Cassiel @ 1:27 da tarde |
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GEORGE CASSIEL
Um blog sobre literatura, autores, ideias e criação.
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"Este era un cuco que traballou durante trinta anos nun reloxo. Cando lle
chegou a hora da xubilación, o cuco regresou ao bosque de onde partira.
Farto de cantar as horas, as medias e os cuartos, no bosque unicamente
cantaba unha vez ao ano: a primavera en punto."
Carlos López, Minimaladas (Premio Merlín 2007)
«Dedico estas histórias aos camponeses que não abandonaram a terra, para encher os nossos olhos de flores na primavera»
Tonino Guerra, Livro das Igrejas Abandonadas |
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